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Historique du lycée

Publication : (actualisé le )

Historique du Lycée La Bruyère

Évoquer les origines de l’enseignement secondaire féminin à Versailles, c’est évoquer celles du lycée La Bruyère. Il y a un plus d’un siècle en effet, en 1880, la transformation d’un cours secondaire privé en école secondaire municipale devait être le jalon vers une autre étape, la création d’un lycée de jeunes filles.

Il faut se rappeler que les années 80 du XIXe siècle voient la victoire politique des républicains qui tiennent désormais l’état en mains. Or, ils entendent convertir au républicanisme la Société en son entier, pour cela, soustraire l’éducation des jeunes filles à l’influence de l’église qui, traditionnellement l’assurait. C’est donc en 1880 que les Républicains envisagèrent d’organiser un enseignement féminin d’état.

(Institués par la loi Camille Sée de 1880, les lycées publics de jeunes filles ont existé jusqu’en 1960 environ, puis avec la généralisation de la mixité dans tous les lycées de garçons comme de filles, ils deviennent alors des « lycées mixtes » puis des « lycées » et enfin des « lycées régionaux »)

De la convergence entre ce souci des Républicains et les initiatives déjà prises à Versailles naît le premier établissement féminin public qui, par étapes, se muera en lycée.

I - Les origines : 1867

En 1867, le maire, M. Ploix favorisa la fondation par Mademoiselle Arnaud, fille d’un chef de gare de la Compagnie de l’Ouest, d’un "cours d’enseignement secondaire Municipal". Cet établissement, subventionné par l’état, (Victor Duruy, par la loi du 10 avril 1867, avait organisé des écoles primaires de filles. Par la circulaire du 30 octobre 1867, il ébauche l’enseignement secondaire féminin) , où l’on dispensait notamment des cours de français et d’anglais, avait un caractère d’absolue neutralité religieuse, ce qui était -à la fin du Second Empire- une nouveauté. Assez vite, grâce à la compétence, à la largeur de vues, au dévouement de sa fondatrice, ce dernier jouit de la confiance des meilleures familles de la ville et accueillit un grand nombre d’élèves.

Si bien qu’en 1880, le Maire de Versailles, M. Duroisin, obtint la transformation de ce cours privé en une école Secondaire Municipale sise 30 et 32 avenue de Paris et où, a coté des professeurs femmes, des professeurs du lycée Hoche assuraient les enseignements principaux, qui s’étaient diversifiés. (disciplines scientifiques, allemand, histoire, géographie, dessin).

L’établissement connut de nouveaux succès qui valurent à sa Directrice les Palmes Académiques remises en 1883 par le Ministre de l’instruction Publique, Jules Ferry. Le nouvel établissement comprenait alors des classes enfantines, un enseignement primaire et un enseignement secondaire.

1889 - 1892

Quelques années plus tard, alors que l’école Secondaire Municipale comptait près de cent élèves et que la subvention municipale menaçait de lui faire défaut si elle n’était pas transformée en lycée, le maire, à la suite d’un traité constitutif conclu avec le Ministre de l’instruction Publique, des Beaux-Arts et des Cultes, obtient satisfaction ; à savoir la transformation de l’école municipale en lycée par un décret du 6 août 1889 et l’ouverture provisoire du nouvel établissement pour le 1er octobre 1889.

Il semble qu’il y eut une querelle quant à l’opportunité de donner aux filles une instruction plus développée et que seule l’excellente réputation de cette école laïque fit accepter par les milieux les plus conservateurs de la société versaillaise la création d’un lycée.

La querelle porta aussi sur l’emplacement du futur lycée, qu’il fallait transférer dans un cadre mieux adapté ; plusieurs solutions furent envisagées (Caserne des Menus Plaisirs, extrémité de l’impasse Montbauron..) qui suscitèrent au sein du Conseil Municipal, dans les journaux locaux, des débats passionnés, une pétition des adversaires du projet, des interventions de la part de certains Versaillais.

Au cours de la séance du Conseil Municipal du 18 octobre 1889, le maire, Edouard Lefebvre, fait état de projets d’acquisition de terrains pour le nouveau lycée, puis, à l’instigation d’un conseiller municipal, le Conseil jeta son dévolu sur une propriété sise au 9 (l’actuel 31) de l’avenue de Paris et située dans le prolongement de celle où Madame du Barry fit construire son hôtel et qui, à la suite de la mort de Louis XV fut rachetée par Louis XVI pour Monsieur ; sur ce terrain auquel fut adjointe une parcelle de la butte Montbauron se trouvaient les écuries du prince. Le cèdre aurait été planté comme d’autres à Versailles et aux environs par Monsieur Lemonnier, médecin de Louis XV, qui s’intéressait à l’arboriculture.

Devenu bien national à la Révolution, ce terrain fut vendu en 1834 aux enchères publiques et appartint à plusieurs propriétaires dont l’un fut acquéreur du pavillon "Montesquieu" qui semble être l’actuel pavillon de Monsieur le Proviseur. En 1854, le terrain s’agrandit de parcelles en bordure de l’avenue de Paris et acquit sa superficie actuelle. La dernière propriétaire en était Madame Bréchignac qui n’entendait pas se séparer d’une demeure à laquelle elle était sentimentalement très attachée.

Le Conseil Municipal passa outre et, en dépit du refus de la propriétaire de vendre son bien à l’amiable et des protestations de certains administrés qui refusaient de supporter les frais d’acquisition et d’entretien du futur bâtiment, saisit la 1ère Chambre du Tribunal civil de 1ère Instance de Versailles. L’expropriation fut prononcée le 5 novembre 1891 et le 7 mars 1892 fut fixée l’indemnité à verser à Madame Bréchignac.

1894 - 1895

Dans cette propriété magnifique dont les arbres ombrageaient la terrasse dominant l’avenue de Paris et la pente qui lui faisait suite vers la butte Montbauron, fut construit un premier bâtiment prévu pour trois cents élèves qui s’arrêtait alors à la 3ème porte actuelle qui faisait face à un petit escalier de bois en colimaçon. L’architecte en fut Albert Petit. L’inauguration solennelle eu lieu en avril 1894, en la présence du ministre de l’instruction Publique, M. Spuller, qui remit à cette occasion la rosette d’officier de l’instruction Publique à la directrice.

Ce lycée crée par la ville, n’existait qu’en fait ; il n’exista en droit qu’aux termes du décret du 6 septembre 1895, signé par le Président Félix Faure, qui décidait de la création d’un lycée de jeunes filles : externes libres, externes surveillées, demi-pensionnaires.

Mais Mademoiselle Arnaud, ne possédant pas les nouveaux titres universitaires requis, dut prendre une retraite prématurée en 1895. C’est sous la direction de celle qui lui succéda, Mademoiselle Allégret, que le Lycée de jeunes Filles allait connaitre de nouveaux développements.

II - Les développements ultérieurs

Mademoiselle Allégret est en fait la première Directrice du nouveau lycée qu’elle dirige de 1895 à 1912.

Sous son administration, les succès et la renommée du lycée s’affirment et se poursuivent après 1912, lorsque Mademoiselle Honnet l’eut remplacée.

Diversification des enseignements

Au début du siècle, il n’y avait pas de baccalauréat pour les jeunes filles, qui passaient le diplôme de fin d’études, couronnement de leurs études secondaires. Mais en 1912, Mademoiselle Allégret fonde la classe de préparation à l’école Normale Supérieure de Sèvres qui enregistre rapidement de brillants résultats. La préparation à Fontenay -Lettres et Sciences- sera fondée au lendemain de la 1ère guerre mondiale et la préparation è l’ENSET en 1950.

La multiplication des classes, les exigences des enseignements scientifiques entraînèrent l’agrandissement du lycée. Les trois étages furent d’abord prolongés vers l’Ouest et le 3ème fut aménagé pour l’enseignement des sciences qui fut doté d’un local servant à la fois de laboratoire et de salle des collections.

Entre les deux guerres, la Directrice Madame Madeleine Rudler Tschudnowski obtint la construction d’un nouveau bâtiment vers l’ouest, formant équerre avec l’ancien, mis en service quelques années avant 1939.

1939 - 1945

Puis le lycée connut les années sombres de l’occupation pendant la période 1939-1945, avec la déportation de deux de ses élèves dont une ne reviendra pas, le port de l’étoile jaune, mais aussi des résistantes et des Justes.
Un important travail de mémoire a été entrepris par les élèves sous la direction de Katelyne Pierre-Santangeli, professeure d’Arts Plastiques avec le concours de Nicolas Daubanes, artiste plasticien. @nicolasdaubanes_jdp
@archives.memoires.lab

Plaque commémorative à la mémoire de Charles Mc Kinstry, capitaine de la Royal Artillery. Ce dernier était attaché au « Squadron 662 » et fut mortellement blessé et abattu à bord de son avion d’observation sur l’avenue de Paris, devant le lycée La Bruyère. Son décès survint le 24 août 1944 à la veille de la libération de la ville et de Paris. Chaque année, le 24 août, la plaque est fleurie par l’association des anciens combattants.

De 1950 aux années 2000

L’extension des bâtiments

Après 1950, le lycée s’avérait encore trop étroit : on installa des classes préfabriquées dans le parc, on acquit l’actuel 43 avenue de Paris et on construisit au rond point des Condamines une annexe dite "de Montbauron" qui abrita les sections du 1er cycle avant de devenir un établissement autonome, l’actuel collège Jean-Philippe Rameau.

En 1962, le lycée reçut son nom de "La Bruyère", après un choix délicat dont les tergiversations durèrent... 33 ans.

III - L’internat

Lors de la transformation de l’école secondaire en lycée, les quelques pensionnaires qui le fréquentaient étaient hébergées dans une pension privée sise dans l’actuelle rue Henri de Régnier.

L’état, ne prévoyant pas la construction d’un internat mais constatant l’essor rapide du lycée, demanda à Mademoiselle Allégret et à quelques universitaires et notables versaillais d’étudier un projet de Ste Anonyme par actions pour la construction et l’exploitation d’une maison d’éducation du lycée de jeunes filles. La Société des Amis de l’université fit alors l’acquisition d’un terrain sis au 43 avenue de Paris -actuellement le 83- faisant suite à la propriété de Madame Elisabeth, le 31 août 1906. Un pavillon -le Pavillon Rouge- fut cédé avec le domaine. D’autres pavillons furent érigés dans un grand parc ; l’ensemble devait constituer un "internat moderne". Deux sociétés furent alors constituées : une "Société Anonyme de construction des maisons d’éducation du lycée de jeunes filles de Versailles" et une "Société Anonyme des Maisons d’éducation". La fusion des deux Sociétés fut enregistrée le 8 avril 1920 dans l’étude de Maître Monjon ; elles s’intitulent désormais "Maisons d’éducation des Lycées de jeunes Filles de Versailles et Paris".

Les parents apprécient cette nouvelle formule d’internat, dans un cadre aéré, qui n’avait rien de la caserne universitaire et les pensionnaires affluèrent. Mais de mauvaises relations s’établirent entre les Maisons d’éducation et le Ministre de l’éducation Nationale qui défendit de majorer le tarif de la pension au-delà des tarifs des bourses.

L’établissement connut des difficultés financières. Il fallut pour les surmonter l’intervention de Monsieur Krimer, administrateur de sociétés et financier, ancien professeur de Droit à la Faculté de Tunis ; ce dernier rétablit la situation financière, remit les pavillons en état, améliora les relations avec le Ministère de l’éducation Nationale. Celui-ci, jugeant alors les Maisons d’éducation nécessaires au fonctionnement du lycée, décida de les racheter en 1961. Elles furent déclarées sous le nom d’internat du lycée.

On peut considérer qu’en 1962, pourvu de bâtiments annexes soit dans le parc, soit avenue de Paris, d’un internat d’état, doté enfin d’un nom propre, le lycée La Bruyère a les aspects qu’on lui connut jusqu’en 1992.

IV - Le lycée dans sa structure actuelle

Cependant, en dépit des constructions ajoutées au bâtiment primitif, la capacité d’accueil n’était plus adaptée à l’augmentation des effectifs et au développement des classes scientifiques. C’est pourquoi de nouvelles extensions furent envisagées, puis amorcées en 1992 ; elles ont abouti à l’édification d’un bâtiment scientifique à la crête du parc, en bordure de l’allée Pierre de Coubertin.

Le lycée La Bruyère sera alors en mesure de prendre un nouvel essor, en associant tradition et modernité et de fêter son centenaire sous le signe de la rénovation.

La restructuration de l’ancien bâtiment était envisagée pour les mois à venir..., elle eut finalement lieu entre 2002 et 2005,
Elle s’achèvera en 2006 avec l’ouverture d’un nouveau bâtiment construit à l’entrée (à l’emplacement des anciennes écuries qui avaient été aménagées en bureaux pour les services de l’intendance et de l’accueil du public) Ce bâtiment dit"internat du lycée" d’un style architectural tranchant avec le bâtiment principal, accueille 75 étudiants des classes préparatoires dans des chambres individuelles.

Elle sera complétée en 2014 par la restructuration complète des cuisines et de la salle de restauration.

Le cèdre fut un des nombreux arbres victimes de la tempête du 26 décembre 1999. Il sera replanté dans la cour rénovée en 2008 et baptisé par Monique Antoniotti qui fit venir les plants spécialement du Liban.

Historique établi en 1992 par Monique Antoniotti, Professeure agrégée d’Histoire et Géographie.
Modifié par Chantal Plat, Conseillère Principale d’Éducation en 2023.